6. PROPOSITIONS POUR LE PATRIMOINE NATUREL DE GREZ-DOICEAU
6. PROPOSITIONS POUR LE PATRIMOINE NATUREL DE GREZ-DOICEAU
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Le chapitre consacré aux contraintes rappelle une série de législations qui ont un lien plus ou moins direct avec l’environnement naturel et sa protection. Il est évident qu’il faut veiller à faire connaître et à faire respecter ces législations. Rappelons que l’esprit qui prévaut dans la dynamique du PCDN privilégie le dialogue et le consensus plutôt que l’imposition de normes extérieures.
A côté de l’application de ces législations qui visent des domaines bien spécifiques, trois grands types de mesures transversales favorables à la biodiversité peuvent être prises :
1. Les mesures de conservation des sites qui présentent le plus grand intérêt pour la conservation de la nature (les zones centrales du réseau écologique). Pour cela, leur protection juridique, la mise sur pied de réserves naturelles, mais aussi l’adoption de conventions de partenariat entre le plus grand nombre de partenaires concernés et enfin l’information et la sensibilisation des habitants sont autant de pistes à exploiter. Il convient également, si nécessaire, d’assurer le type d’entretien des terrains concernés qui permettra le maintien, voire l’amélioration, de leurs caractéristiques exceptionnelles.
2. les mesures de gestion visent, elles, à favoriser le développement des milieux d’intérêt biologique qui participent au maillage du réseau écologique, soit en zone de développement, soit en zone de liaison, soit même en dehors de toute zone reprise dans la carte du réseau écologique. Un entretien favorable des bords de routes, des jardins, des milieux forestiers, la mise en place de pratiques agricoles compatibles avec l’environnement et la maîtrise des pollutions constituent quelques exemples des domaines dans lesquels les mesures de gestion peuvent être utilement mises en place.
3. les mesures de restauration ont, entre autres, pour objet la réhabilitation de sites, l’amélioration et le développement du maillage écologique. Contrairement aux mesures de gestion, elles sont ponctuelles. La réalisation de plantations (arbres, haies, vergers hautes tiges, jardins sauvages, restauration de cours d’eau,...) peut viser cet objectif, mais aussi la mise en valeur de circuits de promenade à caractère pédagogique ou didactique, l’aménagement de zones éducatives à proximité des écoles et de certains bâtiments publics, l’aménagement d’habitats de substitution pour l’accueil des espèces particulièrement menacées, comme les chauves-souris, les rapaces nocturnes, le martin-pêcheur, par exemple.
La démarche du PCDN est originale du fait même qu’elle implique une volonté commune d’un ensemble de partenaires qui acceptent, sans contrainte, de viser un même but (sauvegarder et développer le patrimoine naturel de la commune).
La concrétisation réussie de cette démarche ne peut passer que par l’implication réelle des différents partenaires concernés mais aussi par le sentiment, pour chacun d’eux, que le PCDN constitue un projet qui vaut la peine d’être mené à bien.
Les différents partenaires n’accepteront les éléments qui vont à l’encontre de leurs propres intérêts à court terme que dans la mesure où :
1. ils perçoivent bien la démarche globale et l’intérêt commun à plus long terme;
2. ils ont le sentiment d’être écoutés et que leurs intérêts sont bien compris et pris en considération;
3. ils participent au processus de négociation qui leur permet d’accepter, sans contrainte, certaines concessions, dans la mesure où les autres partenaires font, eux aussi, des concessions similaires.
Deux outils réglementaires et complémentaires sont spécifiques à Grez-Doiceau. Leur mise en application concrète doit être poursuivie : il s’agit du Parc Naturel Régional de la Dyle et de la Zone de Protection spéciale de l’Avifaune européenne.
Le Plan de secteur a entériné la nécessité de protéger certains biotopes exceptionnels du fond de la vallée de la Dyle et a ainsi délimité une « zone du Parc Naturel Régional de la Dyle ».
Les objectifs du Parc Naturel et les missions de la commission de gestion apparaissent très proches des préoccupations qui sont au centre de la démarche du PCDN. L’occasion semble donc propice pour réactiver la commission de gestion qui devrait bien sûr représenter un partenaire important au sein du PCDN.
L’idée de mettre sur pied un Parc Naturel bien plus vaste, couvrant environ 25.000 hectares sur l’ensemble du bassin de la Dyle à la fois en Région flamande et en Région wallonne, existe depuis de nombreuses années déjà. La Fondation Roi Baudouin a d’ailleurs soutenu le projet et espérait le voir concrétisé pour le 150ème anniversaire de la Belgique en 1980. Une vaste étude préparatoire a été réalisée par une équipe d’universitaires basée sur place. Les difficultés liées à la mise en place d’une association de communes n’ont, jusqu’ici, pas permis de finaliser le projet.
Les acquis de cette étude servent de référence scientifique aux revendications élaborées depuis lors par les Amis du Parc de la Dyle qui plaident en faveur de la création du Parc Naturel de la Dyle en conformité avec le cadre juridique fixé par le décret de 1985 relatif aux parcs naturels.
L’objectif est bien plus large, puisqu’il vise l’entièreté du patrimoine (naturel, archéologique, paysager et bâti), envisagé comme patrimoine commun dont il faut assurer le respect par une gestion globale, coordonnée et dynamique.
Dans le projet de grand Parc, Grez-Doiceau est la seule commune wallonne dont l’entièreté du territoire est située à l’intérieur du périmètre proposé (cfr. carte n°33). Chaumont-Gistoux, Incourt, Beauvechain, Wavre et Rixensart ne sont que partiellement concernés. Parmi ces 6 communes, 2 ont entrepris le processus de PCDN (Grez-Doiceau et Beauvechain) alors que Chaumont-Gistoux a mené à bien une démarche analogue, la réalisation d’un Plan Communal d’Environnement pour un Développement Durable. Ce sont d’ailleurs ces trois communes qui englobent la plus grande part de la surface du projet. Dès lors, il semblerait que, dans le cadre des PCDN/PCEDD, l’occasion doit être saisie de relancer le projet, d’autant plus que la révision du Plan de secteur de Wavre-Jodoigne-Perwez est annoncée.
En ce qui concerne la Zone de Protection spéciale de l’Avifaune européenne, la situation est la même à Grez-Doiceau que pour les autres Zones de Protection ailleurs en Wallonie : aucune d’entre elles n’a encore fait l’objet d’arrêtés d’exécution visant à prendre les mesures concrètes qui s’imposent dans le domaine de la préservation des biotopes concernés par cette désignation. L’Année Mondiale des Zones Humides (1996) et son suivi, alliés à la dynamique du PCDN, devraient pouvoir déboucher sur la recherche de projets concertés.
Les cartes n°13 à n°31 du présent document détaillent déjà une série de propositions particulières aux zones centrales et leurs alentours, ainsi qu’à quelques sites sans zone centrale mais dont la fonction au sein du réseau est très importante.
La carte des propositions pour améliorer le réseau écologique de Grez-Doiceau, au 1/10.000e, sur transparent, permet de visualiser l’ensemble de ces propositions et de superposer ces informations à la carte du réseau écologique, dont elle découle, ou à celles des contraintes. Elle fait apparaître également une série de propositions qui visent plus particulièrement à résorber les points de rupture du réseau écologique. La légende de cette carte figure à la page suivante.
En ce qui concerne les zones centrales, une série de propositions ont déjà été détaillées dans la partie de ce rapport consacrée à la description de ces zones centrales.
En ce qui concerne les points de rupture du réseau écologique identifiés sur la carte du réseau, les propositions visent toujours à rétablir une liaison disparue, soit grâce à des mesures de restauration (plantations de haies, création de vergers hautes tiges,...), soit à des mesures de gestion (talus du chemin de fer, bords de routes, entretien des jardins,...).
Il convient donc d’appliquer en premier lieu les propositions d’ordre général qui sont développées dans les pages suivantes aux endroits de rupture du réseau que nous avons pointés sur la carte des propositions.
Pour les zones habitées, il s’agit :
· du quartier de Nethen situé entre la rue de Weert-Saint-Georges, la ferme de La Houlotte et la rue du Peigne d’Or;
· du centre villageois de Bossut;
· d’une grande partie du hameau de Cocrou
· de quartiers situés entre Biez et Hèze.
Pour les éléments linéaires de maillage, il s’agit :
· de la restauration des berges du Lembais sur la quasi totalité de son parcours;
· de la restauration des berges du Piétrebais à l’entrée de Cocrou et à l’entrée de Grez;
· de la restauration d’un tronçon des berges du ri de Hèze au sud de Hèze.
· de la gestion des bords de la rue de Bonlez, au sud de Môrsain;
· de la gestion de chemins creux et de bords de chemins, avec éventuellement la plantation de haies sur des tronçons plus ou moins longs, dans la vallée du ri Saint-Martin, entre le bois de Linsmeau et Gottechain, à Bayarmont, à Nethen, à Biez,...
· de la gestion de courts tronçons des talus de la voie ferrée Wavre-Leuven.
Les propositions d’ordre plus général sont développées ci-après. Leur application peut aussi être envisagée sur tout le territoire de la commune de Grez-Doiceau, qu’il s’agisse de zones centrales, de zones de développement, de zones de liaison ou des espaces non classés. Elles ne font donc pas l’objet d’indications particulières sur la carte des propositions.
Ces propositions générales ont été regroupées en fonction de quatre types de milieux : le milieu humide, le milieu boisé, le milieu agricole et le milieu habité.
Légende de la carte des propositions pour améliorer
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La plupart des zones centrales du réseau écologique de Grez-Doiceau sont des zones humides. Dans le chapitre consacré à leur description, chaque zone a fait l’objet de propositions spécifiques selon une série de menaces qui ont été identifiées sur place.
Les milieux « naturels » sont ceux qui n’ont jamais subi d’intervention humaine et qui sont donc restés dans leur état original. Nous n’en connaissons pas sur le territoire de la commune de Grez-Doiceau. Les milieux « semi-naturels » sont ceux qui ont subi différentes activités humaines : coupes répétées, déboisements, étrépage, feux, fauchage, pâturage (extensif ou intensif). Dans le passé, ces activités se faisaient sans introduction d’espèces étrangères à la région, ni semis ni plantation massive de l’une ou l’autre espèce. Il en résultait une végétation dont les espèces constitutives étaient indigènes et se développaient spontanément suivant un équilibre en fonction des interventions humaines. Ainsi naquirent nos landes à bruyère, roselières et autres prairies de fauche humides.
Enfin, un milieu « artificiel » a une végétation dont la composition elle-même est créée par l’Homme : champ de blé, peupleraie, plantation de résineux ou monoculture de hêtres. Ce genre de milieu ne peut donc figurer parmi les zones centrales du réseau écologique.
L’origine des milieux semi-naturels permet de déduire les principes qui devront prévaloir dans l’entretien de ces milieux. L’abandon des pratiques séculaires dans un milieu donné a conditionné un appauvrissement rapide (parfois en deux ou trois années) de la flore dans ce milieu.
En cas de volonté de protéger un site subissant encore une forme d’exploitation traditionnelle, il s’agit avant tout de la maintenir sans interruption et en respectant les modalités en cours. Par exemple, un pré humide fauché à la mi-juin ne doit pas l’être en juillet. Par ailleurs, il faut continuer à exporter les éléments nutritifs de ces milieux. Cela se fait essentiellement par l’évacuation des produits du fauchage, l’étrépage, ... et par la limitation des apports d’éléments nutritifs (pas d’engrais, contrôle des égouts et du ruissellement issu des terrains adjacents).
Dans le cas de sites où l’exploitation traditionnelle est abandonnée depuis longtemps, une phase préalable sera nécessaire avant de réinstaurer progressivement l’entretien traditionnel normal. Une action très énergique sera en effet nécessaire pour revenir rapidement vers les états d’origine (débroussaillage, fauchages répétés au cours d’une même année, étrépage, brûlage,... suivant les cas). Signalons que toutes les zones centrales en milieu ouvert de Grez-Doiceau ne font plus l’objet d’une exploitation traditionnelle depuis longtemps.
Pour les prés de fauche et les roselières dont la gestion traditionnelle était annuelle, il faudra veiller à instaurer plusieurs parcelles avec des traitements différents pour un même type de sol. Exemple : une parcelle fauchée à la mi-juin, une autre mi-juillet et une troisième en août ou septembre. De cette façon, on obtiendra une diversification de la végétation. Par contre, si le terrain est constitué d’une mosaïque de sols différents, due entre autre au micro-relief et au taux d’humidité variable, on pourra appliquer un traitement unique et la diversité de la végétation sera spontanée.
A propos de l’entretien des roselières et des cariçaies, ainsi que des anciennes prairies de fauche que sont les prairies à reine des prés, les principales mesures à prendre sont le contrôle du niveau et de la qualité de l’eau ainsi que le fauchage annuel avec enlèvement des fanes. Sauf pour les roselières, deux ou trois fauchages par an seront nécessaires en phase de reprise, selon les états de dégradation. Plus tard, le fauchage pourra être espacé tous les 2 à 3 ans.
Le fauchage hivernal redonne vigueur au roseau et garantit une roselière plus dense. Il diversifie la flore en plantes annuelles et bisannuelles et réduit le caractère eutrophe du milieu. Les travaux ont lieu à partir de la mi-novembre, avec enlèvement des matériaux. Certaines parcelles peuvent être fauchées en été pour essayer de reconstituer des prés de fauche humides.
Pour les milieux semi-naturels dont l’entretien suivait une rotation de plus longue durée, il faut pratiquer dans le même sens. C’est le cas des landes à bruyère qui étaient jadis étrépées sur des rotations de 20 à 25 ans. Dans leur cas, il ne faut pas non plus appliquer une gestion identique sur toute la surface concernée, en vue d’obtenir une flore variée.
Enfin, et de façon générale, il est conseillé d’employer des moyens techniques légers qui n’apporteront pas de perturbations excessives du site. Par exemple, on évitera l’usage de véhicules lourds qui défoncent ou tassent le sol.
Les terrains qui présentent le plus grand intérêt biologique peuvent bénéficier de ces méthodes de gestion, mises en place dans le cadre d’un partenariat, d’une location ou d’un achat. Certaines associations de protection de la nature et les autorités publiques, à plusieurs niveaux, sont prêtes à assurer une gestion adéquate de ces sites. A Grez-Doiceau, les Amis du Parc de la Dyle ont déjà une expérience longue d’une dizaine d’années, dans plusieurs sites humides, à Pécrot, Beaumont et aux Prés Saint-Jean.
Bien sûr, toutes les mesures en faveur des zones humides risquent d’être vaines si la nappe phréatique venait à descendre. Dès lors, les effets d’intensification des captages d’eau sur la baisse des nappes aquifères doivent faire l’objet d’un suivi soigneux. Leur impact sur les zones humides doit être évalué afin, si nécessaire, d’adapter les prélèvements effectués dans les nappes pour conserver aux zones sensibles leur caractère humide.
Les étangs qui sont exploités comme viviers de façon plus ou moins extensive sont généralement privés et des propositions de gestion destinées à favoriser le milieu naturel peuvent être faites à leurs propriétaires.
Dans une certaine mesure, les étangs sont moins exposés aux sources de pollution que les rivières. D’autre part, ils ne sont la plupart du temps pas reliés directement à l’ensemble du réseau hydrographique. Cependant, leur potentiel est important pour l’aménagement de la vie sauvage et de la protection de la nature. De façon générale, on y proposera le contrôle du niveau et de la qualité de l’eau. En cas d’atterrissement, le fauchage de la végétation en expansion sera nécessaire, associé éventuellement à un curage léger. En tout cas, un traitement à la chaux ou à l’herbicide doit impérativement être évité.
Une attention toute particulière sera portée à l’aménagement des rives : la priorité sera donnée à la végétation naturelle diversifiée. Cette diversification se développera d’autant mieux que la pente des berges sera douce.
D’autre part, le fait d’aménager les berges de façon à ce qu’elles dessinent des circonvolutions va faire apparaître des microbiotopes particuliers dans lesquels pourront se développer soit certaines espèces végétales, soit certaines espèces animales (entomofaune, batraciens,...).
Des plantations peuvent être effectuées en bordure d’étang afin d’en améliorer la biodiversité. On veillera cependant à ce que les arbres ne fassent pas trop d’ombre. Les espèces qui seront plantées au bord de l’eau devront être capables de supporter l’humidité du sol (aulnes, charmes, érables, ormes, cornouillers, noisetiers ou encore saules qui pourraient être taillés en têtards).
Un certain nombre d’autres pièces d’eau sont utilisées à des fins piscicoles. Cela leur impose un entretien régulier, ainsi que des pratiques peu favorables à l’avifaune parfois concurrente tels les martins-pêcheurs et les hérons cendrés. Il existe des moyens appropriés pour décourager ces espèces sans devoir mettre la survie des individus en danger : des berges abruptes et un niveau d’eau à plus de 35 centimètres en dessous du bord de la berge empêchera le héron de venir se nourrir. Malheureusement, les berges abruptes sont défavorables à la biodiversité. Dès lors, nous conseillons davantage une autre solution qui consiste à tendre des fils le long des berges.
Quand une peupleraie est abattue, la possibilité est offerte d’opter pour la réhabilitation d’une zone humide semi-naturelle, qui est davantage favorable au développement d’une flore et d’une faune actuellement en voie de régression. Cela implique évidemment que de nouveaux peupliers ne soient pas replantés et que la réaffectation du terrain soit consacrée soit à une roselière, soit à une aulnaie, soit à une frênaie ou à une prairie de fauche. Cette réaffectation dépendra essentiellement du type de sol et de la végétation en place avant les plantations.
Certains sols sont d’ailleurs impropres à la production intensive de bois : c’est le plus souvent le cas de sols tourbeux engorgés en permanence. Même drainés, ces terrains auront un rendement en bois médiocre et les investissements nécessaires à une sylviculture intensive (drainage, plantation, entretien) n’y seront pas rentables. Mieux vaut donc laisser ces terrains en friche, plutôt que d’y planter des peupliers peu vigoureux. C’est le cas aussi des sols à hydromorphie temporaire, qui sont asphyxiants en saison humide et desséchants en saison sèche. La meilleure affectation de ces sols est la prairie pâturée.
Bien entendu, cette réaffectation nécessitent une intervention financière qui permettra au propriétaire de combler le manque à gagner correspondant au renoncement à la peupleraie.
Au cas où, après exploitation, une replantation de peupliers s’effectue, quelques conseils permettent de limiter les effets qui risquent de porter atteinte à la biodiversité : il est indispensable de planter à grand écartement, ce qui est aussi avantageux du point de vue sanitaire et économique. On veillera à entretenir un sous-étage d’aulnes, de frênes, de saules ou même de chênes et de charmes, suivant l’humidité du sol. Après exploitation de la peupleraie, ce sous-bois peut faire l’objet de la rotation sylvicole suivante, avec des rendements appréciables. L’aulnaie, la frênaie, la saulaie ou tout autre bois de feuillus indigènes seront particulièrement appréciés par la flore et la faune sauvages.
Si le drainage est pratiqué, on conseillera de diriger les eaux vers les zones les plus humides qui seront aménagées en mares et dont les abords seront plantés de saules et d’aulnes.
Dans une parcelle hétérogène, il faut essayer de ne pas planter systématiquement des peupliers sur toute la parcelle, mais affecter les zones inaptes au taillis d’aulnes et de saules, à la prairie ou à la friche.
Il est généralement préférable de cultiver en mélange plusieurs variétés de peupliers, ou encore de les cultiver en alternance avec des peuplements d’autres feuillus. Là où le peuplier ne se prête pas nécessairement aux conditions du milieu, d’autres espèces feuillues peuvent être avantageusement cultivées. Si le sol est profond, homogène, frais mais non engorgé, il peut produire de très bons résultats avec le frêne, l’érable ou le merisier qui se caractérisent par une croissance rapide et la production d’un bois recherché qui allie aussi un plus grand intérêt écologique. Si le sol est engorgé ou tourbeux, il est préférable de planter l’aulne ou le saule. Ces dernières années, la Région wallonne a d’ailleurs planté quelques parcelles d’aulnes sur le site de Pécrot Chaussée et celui de l’étang de Pécrot.
Les peupleraies avec sous-bois d’orties sont plus rares. Elles se retrouvent soit sur des sols secs, soit lorsque le terrain est régulièrement fauché comme c’est le cas dans les peupleraies de Pécrot Chaussée. Ces peupleraies font figure de parents pauvres au point de vue de leur biodiversité étant donné l’absence de stratification végétale en sous-bois. On y retrouve seulement les oiseaux qui vivent sur les troncs ou dans les ramures, comme les pics et les mésanges.
Pour la plantation de zones-tampons en bordure des sites humides souvent situés dans des cuvettes, on privilégiera les espèces qui s’accommodent bien aux pentes, qui possèdent un enracinement pivotant ou oblique et développent une grande masse racinaires (frêne, chêne, robinier, charme et orme en association, pour assurer une densité du couvert). Pour être efficace cette zone-tampon doit contenir des végétaux arbustifs et ligneux de hautes tiges (cerisiers à grappes, charmes, frênes, érables sycomores, prunelliers, ormes champêtre ou lisse, sorbiers des oiseleurs,...).
Toute modification importante des biotopes entraîne en même temps une modification de l’avifaune. Si par des aménagements on favorise certaines espèces, on en défavorise automatiquement d’autres.
Les roselières constituent un type de milieu qui attire notamment le bruant des roseaux, la rousserolle effarvatte, la locustelle tachetée ainsi que la rousserolle verderolle lorsque la roselière est en voie d’assèchement. On cherchera donc à conserver ce type de milieupour attirer ces espèces particulières. Pour cela, il faut surveiller les massifs de saules, afin qu’ils ne s’étendent pas trop dans la roselière.
En cas de parcelle trop petite pour attirer l’une ou l’autre des espèces qui viennent d’être mentionnées, on veillera à diversifier le biotope en installant un massif buissonnant (saules par exemple), qui attirera les fauvettes des jardins et les fauvettes grisettes, ou encore, on créera utilement une mare pour attirer des batraciens et pour permettre aux oiseaux et autres animaux de s’abreuver. Ce dernier aménagement est d’autant plus justifié sur le territoire de Grez-Doiceau que toutes les roselières existantes sont sèches, à l’exception du marais de Laurensart.
En général, les massifs de saules et autres buissons sont de réels pôles d’attraction pour les oiseaux nicheurs. Il faut les maintenir mais veiller à ce qu’ils n’envahissent pas des milieux humides plus ouverts que l’on souhaiterait conserver.
Les zones humides constituent des biotopes habituellement intéressants qui regroupent des centres d’intérêt dans des domaines aussi variés que les plantes, les insectes, les oiseaux, les batraciens, les mammifères. Dans l’optique d’entretenir ces milieux, il conviendra de prendre en considération chacun des domaines traités. On dégagera des priorités et on déterminera les espèces qui méritent qu’on les favorise plus particulièrement par une gestion appropriée.
Grez-Doiceau compte plusieurs massifs forestiers étendus. Il y a lieu d’en maintenir la quiétude actuelle et d’en assurer l’exploitation en respectant quelques principes (Les peupleraies ont fait l’objet de recommandations spécifiques dans le chapitre précédent consacré aux milieux humides).
Diverses mesures sont en effet susceptibles de préserver, voire d’augmenter, la biodiversité dans les zones boisées :
· l’utilisation d’essences en mélange, avec maintien des essences améliorantes et des essences secondaires. Certaines espèces d’accompagnement présentent un intérêt supplémentaire pour la faune, notamment celles qui produisent des fruits qu’elle apprécie : c’est le cas du charme, du noisetier, du sorbier, du cornouiller, du framboisier, du myrtiller,...
· le traitement en futaies jardinées, avec régénération naturelle;
· la transformation des peuplements résineux en peuplements mixtes ou en peuplements feuillus;
· pour les nouvelles plantations de résineux, le maintien et la restauration des lisières feuillues comme refuge pour la flore et la faune et pour lutter contre les chablis; le maintien de petits massifs et de bandes feuillues à l’intérieur des peuplements résineux comme refuge et couloir de liaison, particulièrement pour les pessières;
· la conservation, dans certaines stations, du mode de traitement en taillis simple permet de conserver les organismes liés aux coupes forestières et aux jeunes rejets de souches, en particulier plusieurs espèces de papillons diurnes menacés;
· la conservation des arbres creux comme sites d’hivernage et de nidification pour les animaux cavernicoles. Les pics notamment creusent plus volontiers leurs cavités dans les essences à bois tendre et favorisent de la sorte un cortège d’oiseaux et de petits mammifères cavernicoles;
· la conservation des arbres accueillant des aires de rapaces peut s’avérer peu contraignante et d’autant plus profitable pour la sauvegarde de ces oiseaux qu’ils restent fidèles à leurs sites de nidification. Ainsi, à Grez-Doiceau, des nids de buses variables, faucons crécerelles, éperviers d’Europe, faucons hobereaux, bondrées apivores, hiboux moyens-ducs, chouettes hulottes se répartissent dans le bois de Beaumont, le Petit Bois, la Verte Voie, le bois de la Hocaille, le bois de Laurensart et le bois de Beausart. Des recherches complémentaires, à mener en hiver, permettraient probablement de découvrir d’autres aires de rapaces, dans le bois des Vallées, le bois du Bercuit, les bois de Long-Tienne et les bois de Hèze. On évitera les coupes à proximité des nids pendant la période de reproduction et bien sûr l’abattage des arbres porteurs de nids.
· la conservation des arbres morts ou dépérissants d’intérêt économique secondaire, comme les essences à bois blanc : saules, aulnes, bouleaux ainsi que certains arbres à bois dur « surâgés », mal venants, brisés par les tempêtes ou dépérissant sur pied. Cela afin de maintenir les conditions favorables aux organismes du bois mort;
· le réaménagement des petites fosses d’eau permanentes pour servir de lieux de ponte aux batraciens et insectes aquatiques;
· le maintien ou la restauration des lisières touffues et riches en espèces spontanées, afin qu’elles puissent au mieux jouer leur rôle de transition entre l’espace boisé et l’espace non boisé. Leur richesse en espèces végétales et leur structure étagée favorisera l’installation d’une faune très diversifiée inféodée aux deux milieux. L’entretien de ces lisières (taille occasionnelle) se fera en partenariat avec les propriétaires et les agriculteurs qui exploitent les terres cultivées contiguës.
En ce qui concerne plus particulièrement les techniques d’exploitation forestière, on conseillera :
· la minimisation des travaux d’exploitation en période de reproduction (entre mars et juin), pour éviter à la fois la destruction des nids et des gîtes mais aussi le dérangement des animaux;
· l’utilisation du cheval de trait ou d’engin à faible pression au sol pour le débardage dans les stations fragiles;
· l’attention particulière en ce qui concerne les ruisseaux, les sources, les zones humides et les zones non boisées insérées dans les massifs. Pour ces dernières, l’affectation en prairies est préférable;
· lors du traitement en structure équienne, la préférence sera donnée à des parcelles de taille moyenne. A défaut d’une stratification verticale, des peuplements d’âges différents pourraient ainsi se côtoyer sur des surfaces de quelques hectares, voire moins, créant ainsi une meilleure imbrication des milieux;
· en ce qui concerne les peuplements héliophiles, pour éviter l’envahissement en sous-bois par la fougère aigle, il convient d’établir un étage ligneux diversifié dont le recépage éventuel sélectif contribuera à la formation d’un sous-étage cultural favorable également à l’apparition de nouvelles espèces herbacées, voire au développement de semis naturels de sorbiers, érables, bouleaux, peupliers trembles,.... Le chêne rouge est une essence qui permet l’établissement de cet étage ligneux.
· sous une chênaie, une essence d’ombre comme le charme peut de la même façon être implantée en sous-étage par plantation à large écartement afin de constituer une strate supplémentaire;
· le cas des peuplement de hêtres, essences sciaphiles, suscite d’autres types d’intervention étant donné le couvert plus dense qu’ils entraînent. Quelques expériences pratiquées en forêts domaniales montrent des possibilités d’amélioration de la diversité biologique : régénération progressive des peuplements âgés par trouées et bandes qui brisent la régularité verticale et horizontale. Ces trouées sont suivies soit par une plantation en hêtre, tilleul, merisier, châtaignier, peuplier ou chêne rouge selon les conditions stationnelles, soit par la mise en lumière du sol afin de favoriser les semis naturels d’érable, frêne ou orme. Des essences secondaires ou à vocation culturale comme le sorbier, le peuplier tremble, le saule marsault ou le bouleau seront également préservées.
Différents types de subventions sont proposées par la Région wallonne qui vise à travers elles à orienter le choix des propriétaires forestiers en vue d’atteindre à la fois des objectifs économiques et écologiques. Parmi les subventions existant actuellement, deux visent plus particulièrement l’amélioration de la biodiversité forestière :
· les subventions à la régénération. Elles orientent la sylviculture de façon à obtenir une forêt plus diversifiée, à améliorer l’accueil de la faune et à protéger davantage l’eau et les sols;
· la subvention à l’éclaircie chez les propriétaires particuliers. Elle cherche à produire plus rapidement du bois d’oeuvre et à obtenir une meilleure stabilité des peuplements pour pouvoir résister davantage aux vents violents. Elle vise aussi à améliorer la qualité du sol, à diversifier la flore du peuplement et à favoriser l’économie et la qualité des eaux.
La Région wallonne attire aussi l’attention sur l’existence de faciès forestiers des différentes forêts feuillues naturelles particulièrement bien conservés ou contenant des plantes rares et/ou protégées. A Grez-Doiceau, certains petits bois situés en des stations défavorables ont été manifestement laissés à eux-mêmes depuis un temps suffisamment long pour qu’une grande diversité d’espèces et de biotopes puisse s’y installer. Ces bosquets ou bois sont à protéger. Il conviendrait d’en faire un relevé plus précis. Les Amis du Parc de la Dyle en signalaient deux exemples en 1980 : le Petit Bois à Nethen et la bordure du Bois de Linsmeau à Gottechain. De même, en accord avec les propriétaires des grands massifs forestiers de la commune, un inventaire des parcelles les plus intéressantes à cet égard est à envisager. Lorsqu’elles ne présentent qu’un intérêt économique limité, on recherchera la possibilité de les affecter à la conservation de la nature, avec compensation financière.
Enfin, il convient de mener une action de sensibilisation du public. Plusieurs propositions reprises dans les fiches projets vont dans ce sens, telles celles qui suggèrent de baliser les promenades et d’en établir une carte, de prévoir un espace d’activités pour les mouvements de jeunesse (avec l’établissement d’une convention qui liera ces organismes, le propriétaire et la Commune), d’informer régulièrement la population via le bulletin communal,...
En fonction de la réglementation existante en matière de jachères agricoles, ce sont probablement la jachère nue et la jachère spontanée qui sont les plus fréquentes. Pourtant, la jachère semée ou cultivée peut offrir plusieurs types de couverts qui favoriseraient différentes espèces végétales et animales et participeraient davantage à l’amélioration de la biodiversité. Si c’est cette troisième possibilité qui est choisie, les priorités à donner peuvent varier : priorité à l’écologie, priorité à la chasse, priorité à l’apiculture ou priorité aux cultures non alimentaires.
Au niveau de l’écologie, les terrains mis en jachère sont souvent implantés sur des terres moins rentables (moins fertiles, plus éloignées ou fort humides). Cela offre la possibilité de profiter de ces terres marginales pour rehausser la biodiversité et y voir réapparaître certaines plantes rares. Sur une terre avec un couvert spontané, des plantes moins courantes ont aussi des chances de subsister. Ceci sera d’autant plus vrai si les cultures précédant la mise en jachère de la parcelle n’ont pas été menées trop intensivement. La jachère semée à faible densité, avec des espèces fourragères ou non, est une autre option. Le semis dense ne favorise pas vraiment l’implantation d’espèces sauvages, mais en installant des espèces inhabituelles dans nos cultures, on peut imaginer la reconstitution de prairies de fauche extensives où seraient semées à côté de la base graminienne classique des espèces comme la grande marguerite, le plantain lancéolé ou la centaurée scabieuse. Ce système augmenterait la diversité botanique tout en fournissant un couvert et une rupture dans la rotation. Une coupe tardive de ces plantes permettra une augmentation de la banque de graines et donc un renforcement de leur présence.
En plus de l’intérêt floristique, la jachère possède un intérêt faunistique. Plusieurs animaux pourront s’y installer et y séjourner. Si la jachère permet la multiplication de toute une série d’espèces potentiellement nuisibles aux cultures environnantes ou à celles qui remplaceront la jachère, elle favorise aussi le développement de leurs prédateurs. La proximité d’autres biotopes comme les bois, les rivières, les mares est un autre atout pour leur présence.
Les perdrix, les canards, les bruants jaunes et les cailles préfèrent les restes de céréales. Les vanneaux et les pipits des champs affectionnent les couverts herbacés. Au printemps, alouettes, perdrix, faisans, vanneaux, cailles et bruant proyers peuvent nicher dans les jachères pour autant que celles-ci présentent un couvert suffisant. Le fait de traiter moins intensivement et de ne pas pulvériser les bords des parcelles cultivées aura un effet positif sur les couvées de beaucoup d’oiseaux.
La floraison des plantes offre une nourriture pour les papillons, les abeilles et les bourdons. Le fait de ne plus devoir faucher les jachères avant la fructification, exception faite pour les graminées et les crucifères, présente un intérêt particulier pour l’apiculture. Vu la diversité de choix dans les essences à semer, chaque situation aura son mélange adapté : un bon mélange mellifère sera composé d’essences variées, présentant une floraison étalée. On peut citer parmi les fleurs plus particulièrement intéressantes les mauves, la bourrache, le trèfle, la luzerne, le mélilot, la phacélie et la moutarde.
Enfin, pour favoriser la présence de grands mammifères, on conseillera de semer des graminées hautes qui auront un rôle d’abri, et également des légumineuses qui leur serviront de nourriture. Il faut faire particulièrement attention à ce que l’entretien de la jachère ne se fasse pas en période de reproduction.
Quoi qu’il en soit, le fait de semer des jachères fixes le long des massifs forestiers peut, d’une part, diminuer les dégâts commis dans les cultures avoisinantes par le gibier et, d’autre part, fournir à ce dernier un milieu appréciable pour son développement.
Depuis 1994, un code de bonne pratique phytosanitaire a été élaboré à l’attention des agriculteurs en vue de généraliser les pratiques permettant d’assurer une protection efficace des cultures dans le respect de l’environnement, de la santé de l’agriculteur et du consommateur. Parmi les pesticides utilisés en agriculture, les insecticides représentent, en terme quantitatif, le secteur minoritaire. Les méthodes de localisation des traitements, comme l’enrobement des semences, expliquent la diminution de l’utilisation des matières actives insecticides. Par contre, ce sont les herbicides qui dominent le marché phyto-pharmaceutique. Les différentes stratégies de désherbage mises en oeuvre dans les cultures s’expliquent notamment par la diversité de la flore adventice, la sensibilité de la culture aux herbicides et la durée de la période pendant laquelle le désherbage peut être exécuté. Le remplacement des anciens herbicides par de nouvelles molécules actives à faible dose, les techniques de localisation des traitements herbicides et le désherbage mécanique semblent pouvoir apporter des solutions intéressantes dans certaines cultures, mais elles restent à l’heure actuelle tout à fait marginales dans les grandes cultures. Quant aux fongicides, la réduction des fréquences du nombre annuel de traitements devrait entraîner une réduction de l’utilisation de ces derniers dans plusieurs cultures.
Enfin l’amélioration du réglage des pulvérisateurs constitue un élément important d’ajustement des doses des produits.
L’agriculture dite intégrée est basée sur le respect des règles agronomiques les plus élémentaires et sur la prise en considération des retombées agricoles et environnementales de chacune des pratiques agricoles. L’agriculture intégrée a toutes les chances de se développer à condition que les signaux économiques donnés aux praticiens correspondent aux affirmations du principe qui vient d’être évoqué. L’exemple de la réintégration de l’agriculture et de l’élevage implique à ce propos que l’alimentation du cheptel à partir de l’herbe et des fourrages produits dans l’exploitation s’avère économiquement plus efficace que l’utilisation de fourrages importés.
L’agriculture biologique est une méthode d’agriculture visant à obtenir des produits d’une qualité nutritive élevée, à améliorer la fertilité des sols à long terme et à réduire les risques d’atteintes au milieu. L’agriculteur biologique exclut l’utilisation de la plupart des matières de synthèse, fertilisants etproduits de protection contre les plantes et animaux indésirables utilisées par l’agriculture conventionnelle. De plus, l’élevage y est quasi obligatoirement intégré à la culture au sein des exploitations. En Région wallonne, l’agriculture biologique n’est pratiquée que sur des superficies très réduites et sa progression est restée très faible au cours des dernières années, même si elle reçoit une crédibilité croissante et une attention nouvelle de la part des pouvoirs publics. Il existe un marché pour les produits biologiques car la demande est présente et elle est bien souvent plus importante que l’offre.
Les mesures agri-environnementales (Arrêté du Gouvernement wallon du 8 décembre 1994) sont relatives à des méthodes de production agricole compatibles avec les exigences de la protection de l’environnement et de l’entretien de l’espace naturel. Parmi ces méthodes, citons :
· les fauches tardives
· l’installation de tournières de conservation et bandes de prairies extensives
· le maintien et l’entretien de haies et de bandes boisées dans les superficies agricoles
· le maintien de faibles charges en bétail
· la réduction des herbicides
· la couverture de sol avant culture de printemps,
· des mesures particulières en faveur des zones humides
A côté de réglementations de plus en plus sévères, les mesures agri-environnementales constituent une démarche volontaire, basée sur des conseils et encouragée afin de promouvoir une agriculture plus respectueuse de l’environnement. Le développement de « bonnes pratiques » est capital dans le cadre des relations entre agriculteurs et environnement. Elles peuvent concerner l’ensemble de la surface agricole et des agriculteurs, mais ces mesures vont au-delà : elles servent à compenser des pertes de revenu éventuelles et à inciter les agriculteurs à maintenir ou développer des méthodes de production favorables à l’environnement. Les principales mesures sont applicables par tout agriculteur à titre principal en Région wallonne pour autant qu’il s’engage à les mettre en oeuvre pendant 5 ans. Ces mesures relèvent de la politique agricole. Elles prévoient des primes relativement limitées, mais leur application peut être favorisée et localement mieux ciblée par des incitants complémentaires provenant de divers acteurs : producteurs et distributeurs d’eau, conservateurs de la nature, Province, Commune, apiculteurs, pêcheurs, chasseurs, agents touristiques,...
Des primes sont allouées pour le maintien, l’entretien et la rénovation de haies de feuillus indigènes existantes. Elles sont de 2.000 francs les 200 m, 5.000 francs les 500 m et 10.000 francs les 1.000 m. Il faut signaler ici que en dehors du cadre et des mesures agri-environnementales, il existe aussi un arrêté du Gouvernement wallon relatif à l’octroi d’une subvention pour la plantation de haies. L’intervention de la Région wallonne est alors fixée à 70% du montant des factures et est plafonné à 100, 150 ou 200 francs par mètre, selon le nombre de rangs, ou la moitié de ces montants, lorsque les travaux de plantations sont réalisés par le bénéficiaire.
La prime pour le maintien et l’entretien des haies et des bandes boisées est une forme de reconnaissance du travail de gestion de l’espace que nombre d’agriculteurs effectuent sans être rémunérés. C’est une valorisation publique des haies qui vise à maintenir celles-ci et à participer au coût de leur entretien. Il faut insister qu’on visera en priorité à maintenir les anciennes haies parallèlement à la programmation de nouvelles plantations.
La fauche tardive a un effet direct sur la diversité des espèces végétales et animales, que ce soit les fleurs, les insectes butineurs ou les oiseaux nichant au sol. Son intérêt environnemental peut être très important, tant du point de vue esthétique et paysager que du point de vue biologique. Deux conditions doivent être remplies pour pouvoir bénéficier de l’octroi de cette prime : pas de pâturage ni de fauche de la parcelle avant le 20 juin, et pas d’utilisation de pesticides, sauf pour les chardons et les oseilles. La prime s’élève à 5.000 frs l’an et l’hectare.
6.5.3. Les tournières de conservation et les bandes de prairies extensives
Les tournières constituent des zones cultivées sur lesquelles l’emploi de fertilisants et de pesticides est restreint voire inexistant. Donc, une bande de prairie extensive est une zone enherbée non ou peu traitée par des fertilisants et pesticides. Ces zones jouent un rôle de protection entre la zone d’agriculture intensive et différent éléments du milieu naturel qui subsistent encore en milieu agricole : des haies, cours d’eau, chemins creux, prairies de fauche et talus. De plus, elles constituent des refuges appréciés par la flore et la faune sauvages. La prime est de 10.000 francs par an et par hectare pour l’installation en bordure de champ d’une tournière extensive cultivée, d’une largeur de 4 à 16 mètres pour une durée de 5 ans.
Il existe également une prime de 20.000 francs par hectare et par an pour le remplacement d’une bande de culture sous labour par une bande enherbée semée, d’une largeur de 4 à 16 mètres, installée pour une durée de 5 ans.
Pour les parcelles de fauchage tardif ou les tournières de conservation et les bandes de prairies extensives, il faut rechercher prioritairement les fonds de vallées trop humides, les rives des cours d’eau, les bordures de marais (roselières, cariçaies, prairies à reine des prés), les lisières de bois, mais également le bord des haies, talus et chemins creux. Les choix seront opérés de manière à ériger des zones de protection autour de ces milieux qui sont les plus riches en biodiversité. On peut ainsi constituer des maillons d’un réseau écologique plus vaste.
De la même façon, les terrains à drainage très pauvre ou au contraire à sol très sec sont marginaux pour les spéculations agricoles. Ils nécessitent d’importants investissements pour en améliorer le rendement. Ces investissements peuvent difficilement être consentis par les agriculteurs. Dès lors, leur affectation à la protection de la nature doit être envisagée avec les agriculteurs et les propriétaires.
Rappelons enfin l’existence du code de bonnes pratiques agricoles pour une meilleure protection des eaux. Il est d’application obligatoire dans les zones vulnérables en Région wallonne. Les sables du Bruxellien du sous-sol de Grez-Doiceau ont été désignés comme zone vulnérable. La réglementation a été renforcée, en particulier en matière de conditions d’épandage des effluents d’élevage et des gadoues de fosses septiques près des cours d’eau. Il est également imposé une distance minimale afin d’éviter la contamination des eaux de surface et de leurs abords immédiats. Le stockage du fumier en bordure de cours d’eau fait également l’objet d’une réglementation via ce code. Un effort d’information et de sensibilisation à l’attention des agriculteurs concernés pourrait se révéler utile pour faciliter la mise en oeuvre des modalités d’application de ce code.
Les agriculteurs sont les garants de la protection de nos paysages. La nécessité de concilier production agricole et protection de l’environnement, qui constituent deux impératifs proches, apparaît de plus en plus évidente. Cet objectif ne pourra être atteint qu’en assurant la motivation des agriculteurs de la clarté et de la cohérence des objectifs à atteindre.
Un jardin proche de la nature ou naturel ne veut pas dire nécessairement un jardin livré à lui-même, sauvage, abandonné,... Il demande lui aussi du travail , de l’attention et des soins réguliers.
Le principe de base d’un jardin naturel est la volonté de favoriser la variété : plus on crée de milieux différents, plus la vie qui s’y installe sera abondante. A cet égard, le jardin idéal est celui qui regroupe la haie libre, la mare, le pré de fauche, le bosquet, le vieux mur, le talus fleuri,...
Pour la haie, on privilégiera le mélange de plusieurs essences indigènes, comme le charme, l’aubépine, le cornouiller, le houx, le noisetier,... Les haies mixtes de feuillus indigènes assurent le meilleur équilibre écologique. Elles sont plus résistantes aux maladies, moins monotones, plus harmonieuses et continuellement changeantes. La taille est autorisée, mais après la fructification.
Pour la mare, l’installation d’un matériau imperméable dans une cavité creusée sera nécessaire la plupart du temps. L’endroit devra bénéficier d’un bon ensoleillement et les pentes seront douces afin de faciliter la colonisation végétale et d’éviter un piège qui pourrait se révéler mortel pour les mammifères et les batraciens. L’implantation de la végétation sera déterminante pour l’esthétique, mais aussi pour le cycle biologique de la mare. En effet, elle constitue la base de la chaîne alimentaire. De belles plantes aquatiques indigènes seront installées à même le fond ou dans des pots disposés à différentes hauteurs. Le nénuphars jaune, l’iris jaune, le plantain d’eau, la renouée amphibie, la sagittaire en sont quelques exemples. La mare va très vite grouiller de vie. On pourra accélérer cette colonisation animale en déversant un seau d’eau et un peu de vase en provenance d’un point d’eau sauvage des environs. Parmi les hôtes les plus spectaculaires de la mare figurent les libellules et les batraciens, mais il faudra peut-être patienter un an ou même davantage.
Pour les pelouses, l’erreur la plus fréquente consiste à tondre trop ras : une pelouse peut se transformer progressivement en prairie qui offrira l’avantage de permettre à une faune et à une flore diversifiées de se développer. La prairie ne rendra bien sûr pas les mêmes services que la pelouse : il est donc préférable de tondre régulièrement les surfaces de repos, de jeux, en dessous des fils à linge et les chemins qu’on utilise souvent. Pour transformer une pelouse en prairie, il suffit de ne couper l’herbe que 2 ou 3 fois par an. Une autre méthode garantit l’amélioration de la diversité floristique : elle consiste à enlever la végétation sur des surfaces de 1 m² en différents endroits de la pelouse, puis d’ensemencer ces surfaces avec des fleurs de prairie telles que l’achillée millefeuille, la centaurée scabieuse, la grande marguerite, le lotier corniculé,... Ces fleurs se propageront au fil des années dans toute la partie du jardin qui leur sera consacrée, et selon leurs exigences respectives.
Pour créer un jardin favorable aux papillons, on conseillera de disposer, en parterres ou non, des plantes qui attirent ces insectes : le bleuet, la violette, la lavande, le fenouil, la bruyère, le chèvrefeuille, l’aubépine, la primevère,... Outre la plantation de haies à essences indigènes diversifiées qu’on veillera à laisser fleurir, il sera utile de laisser s’installer les plantes sauvages à leurs pieds. Dans le même ordre d’idées, l’aménagement d’une prairie ou d’un pré de fauche sera très apprécié. Les papillons recherchent toujours la présence d’un massif d’orties dans un endroit ensoleillé où pourront se prospérer les chenilles de nombreuses espèces, ainsi que des coins ensoleillés et chauds (talus, terre nue, mur, rocaille, plages de sable ou de gravier,...)
Les oiseaux se nourrissent de baies, de graines ou d’insectes. Les conseils prodigués ci-dessus ne peuvent donc que leur être très favorables. Ils recherchent des lieux de nidification protégés des prédateurs. Il convient donc de penser à eux lorsqu’un jardin est aménagé. L’accenteur, le merle et la grive musicienne nichent dans la haie, le troglodyte s’installe dans le tas de rondins ou de branchages laissé dans un coin reculé, la mésange ou le grimpereau s’installeront peut-être dans les cavités naturelles d’un arbre mort.
Le jardinage biologique est un des éléments du jardin naturel : il utilise au maximum les processus biologiques tels l’activité des bactéries, champignons, insectes, arbres, oiseaux,...On sait que les formes « classiques » de jardinage laisse une place plus grande aux interventions d’ordre chimique dont l’impact sur l’environnement et la santé des consommateurs n’est plus à démontrer.
La prudence est de mise lors de la visite chez le marchand en vue de se fournir en plantes herbacées et arbustives. En effet, l’introduction de plantes venant de l’étranger présente un risque important de perturbation de la biodiversité indigène et elles ne sont pas toujours facilement reconnaissables. Les solutions consistent à se fournir lors des opérations de distribution organisées à la Sainte-Catherine, de solliciter des voisins qui possèdent déjà un jardin naturel (peut-être sans le savoir) et de pratiquer le semis de graines sauvages récoltées dans les environs.
L’association « Chastre Biodiversité » propose de fournir à prix modique des plantes indigènes en pots aux particuliers, organismes et communes qui le désirent. Ceci peut permettre l’aménagement de talus fleuris, de jardins naturels ou favoriser l’embellissement et la biodiversité des bords de routes par exemple.
Le verger hautes tiges présente un grand nombre d’avantages. Par rapport au verger basses tiges, il présente une plus grande longévité et une plus grande résistance. Il nécessite un entretien moins fréquent et une fertilisation moindre tout en possédant un enracinement puissant. Il peut aussi être associé aux pâturages.
Les principaux inconvénients en sont la difficulté de récolte, la mise en fruits plus tardive et un entretien plus difficile. Quoiqu’il en soit, le maintien, l’entretien et la restauration de vergers hautes tiges présentent un grand intérêt dans l’optique du développement du réseau écologique.
Dans nos villages, un accueil plus favorable pourrait être fait au bénéfice d’une avifaune sauvage en forte régression.
La chouette chevêche niche dans les cavités de vieux arbres ou de bâtiments. Dès lors, la conservation de vieux arbres, dans les vergers hautes tiges ou dans les alignements de saules têtards ou autres, ne peut que favoriser le maintien de cette espèce aux alentours des villages.
La chouette effraie niche également dans des sites sombres tels les hangars, les granges, les greniers, les clochers et les arbres creux. La survie de cette espèce tient surtout au maintien d’ouvertures dans ces différents édifices, pour leur permettre de se reproduire dans de bonnes conditions.
L’hirondelle de cheminée fréquente souvent les alentours des fermes et des anciennes fermes. Elle construit son nid dans les étables, les granges et autres bâtiments annexes. Pour elle aussi, l’accès à l’intérieur de ces espaces doit être maintenu. La proximité d’une petite mare, ou ne fusse que d’une flaque boueuse, est indispensable pour la construction de son nid au printemps.
L’hirondelle de fenêtre est, elle, une espèce grégaire qui va construire son nid à l’extérieur des bâtiments, sous les balcons, les corniches et les porches. Afin de maintenir ou de favoriser son ancrage, il est indispensable de ne pas détruire les nids après le départ des hirondelles. Il faut également éviter tout traitement des bois intérieurs et extérieurs avec des produits toxiques, et surtout ne pas traiter les boiseries ou désinfecter les étables durant la période de nidification, entre mai à septembre. Ceci vaut pour les deux espèces d’hirondelles citées.
Les chauves-souris vivent également en colonie et souffrent beaucoup de la disparition des sites de nidification ou, plus simplement, de gîtes d’hibernation. Elles affectionnent particulièrement les bâtiments d’ancienne facture, où elles trouvent refuge dans les greniers et les caves. Ces dernières peuvent servir de sites d’hibernation occasionnels, mais c’est surtout comme gîte d’été que les chauves-souris adoptent une demeure.
A l’occasion de l’Année Européenne de Conservation de la Nature (AECN ‘95), une campagne a été lancée par la Région wallonne qui propose de favoriser l’accueil des chauves-souris et des chouettes effraies dans les églises. Après la signature d’une convention entre la fabrique d’église et les autorités communales, des aménagements adéquats peuvent être opérés : pose de chiroptières dans la toiture, retrait des grillages dans le clocher pour que la chouette effraie puisse y avoir accès,...
De nouvelles méthodes et de nouvelles techniques se développent pour remplacer le désherbage chimique qui était abondamment utilisé pour entretenir les espaces verts publics. De nos jours, l’alternative consiste à la mise en oeuvre d’un désherbage thermique ou d’un désherbage manuel localisé, à l’utilisation de brosses mécaniques, au recouvrement par mulch ou plantes tapissantes (lotier corniculé, pervenche, muguet, lierre, canche flexueuse,....). Parallèlement, les surfaces qui nécessitent un désherbage sont revues à la baisse. On laisse ainsi le champ libre aux plantes sauvages qui présentent, pour la plupart, des qualités esthétiques indéniables.
Les plantes arbustives et arborées qui seront réinstallées sur les espaces publics seront choisies parmi les essences indigènes.
Une pépinière de plantes indigènes peut être exploitée pour alimenter les plantations sur les places, aux carrefours, de même que pour les arbres d’alignement. La commune d’Incourt exploite une pépinière de ce type depuis plusieurs années. Cette pépinière peut être également l’occasion d’assurer la production de graines de fleurs sauvages.
Une attention particulière sera portée à la taille des arbres en espaces verts et le long de la voirie. Les tailles seront pratiquées de façon légère.
Etant donné la longueur du réseau de communication et l’importance des surfaces concernées, un entretien plus écologique des bords de voiries est à préconiser. Le fauchage des bords des routes s’effectuera ainsi à une hauteur minimale de 8 à 10 cm. La machine ne devra en aucun cas toucher le sol. Le fauchage ne sera réalisé de manière régulière que sur une bande en bord de route pour permettre une bonne visibilité de celle-ci et des panneaux de signalisation. Au-delà de cette première bande le long de la chaussée, on pratiquera une gestion moins intensive pour le reste de l’accotement et éventuellement le fossé et le talus qui lui succèdent. On optera soit pour un fauchage annuel tardif, soit pour deux coupes annuelles. La Région wallonne préconise dans la zone de gestion extensive une seule fauche annuelle en août/septembre, éventuellement à la mi-juillet lors des étés très secs. Deux types de fauchage sont possibles : le premier est un fauchage sans ramassage. Ce procédé va maintenir la fertilité des sols et risque donc d’entraîner la prolifération d’espèces nitrophiles (chardons et orties) et de graminées par décomposition de la végétation, au détriment du développement de toute autre type de fleurs. L’idéal est donc de procéder, par exemple à l’aide d’une faucheuse à barre de coupe, à un fauchage avec l’enlèvement du matériel végétal. Le but de cette opération est d’appauvrir le sol des bords de routes quand ils sont très fertiles. Pour la survie des insectes, il faut éviter la faucheuse à fléau.
La Région wallonne propose de passer une convention avec les communes qui le désirent. Grez-Doiceau a signé une telle convention. L’accord prévoit l’élaboration d’un plan de fauchage ainsi qu’une campagne d’information au public, notamment par la pose de panneaux sur les sites concernés par une gestion extensive et la distribution de brochures d’information aux riverains. Un effort d’information au public concernant les nouvelles options en matière de gestion des bords de route doit faire l’objet d’une attention toute particulière. Il s’agira de former les ouvriers et responsables des travaux d’entretien et aussi, bien sûr, de sensibiliser le public à l’intérêt de ces nouvelles pratiques.
Une concertation avec les agriculteurs des terrains avoisinants pour sélectionner les sites et fixer les modalités du plan de fauche est nécessaire.
Les bords de routes peuvent également être caractérisés par la présence de haies avec en plus ou moins grande densité la présence d’arbres.
Les haies sont d’un grand intérêt pour la faune qui apprécie particulièrement les stratifications arbustives et arborées denses. Les haies constituent des écosystèmes complexes à conserver même lors de l’élargissement d’un chemin. La taille périodique des haies permet de limiter leur développement en hauteur et en largeur là où cela s’avère nécessaire. Un entretien tous les 2 à 3 ans, avec un recépage partiel afin de conserver des zones refuges tous les 10-15 ans, favorise l’accueil de la faune, ainsi que la présence de plusieurs strates ligneuses très utiles pour la faune. L’entretien des haies est à proscrire pendant la période qui s’étend de mars à septembre.
Les conseils qui précèdent s’appliquent également à la gestion des chemins creux. Dans ceux qui présentent les talus les plus hauts (jusqu’à plus de 10 mètres), le mode de gestion se rapproche davantage de celui pratiqué dans un milieu forestier, étant donné la densité des strates arbustives et arborées qui croissent sur les talus de tels chemins creux.
Le mode et le plan de gestion doit, ici aussi, être établi en concertation avec les gestionnaires et les utilisateurs (agriculteurs, promeneurs,...)
Les chemins creux les plus remarquables méritent une protection juridique accrue (classement ou affectation en zone d’espace vert au Plan de secteur).
A côté des missions liées plus particulièrement à la protection des paysages, le CWATUP reconnaît à la Commission consultative communale de l’Aménagement du Territoire un rôle d’inventaire des arbres et haies remarquables qui pourront bénéficier de ce fait d’une protection particulière.
Le plan d’aménagement de toute rivière doit prévoir la succession des étapes suivantes, confiées essentiellement au gestionnaire de la rivière :
1. Assainissement sûr et permanent
2. Régulation hydrologique
3. Nettoyage de la rivière
4. Aménagement des berges et des rives
L’assainissement sûr et permanent passe par la pose des égouts et collecteurs et par l’épuration à l’échelle du bassin versant. En attendant ces travaux qui s’échelonneront sur plusieurs années, la lutte contre les rejets directs de tout polluant qui altèrent sensiblement le niveau de qualité des eaux doit être prioritaire. Les rejets ménagers et ceux des activités agricoles entraînent un risque d’eutrophisation permanent.
Les sources polluées peuvent également alimenter les rivières, l’ensemble entraînant des taux de nitrates et de phosphates en augmentation. Des eaux chargées de détergents ne sont malheureusement pas exceptionnelles. De façon ponctuelle, on constate même encore des vidanges de moteurs ou de citernes.
La régulation hydrologique passe par un curage minimal de la rivière, mais aussi, à titre préventif, par le retrait des obstacles naturels ou artificiels à l’écoulement et par une limitation de l’érosion des berges. Le recours à ces pratiques ne sera pas recherché dans le cas de terrains d’intérêt biologique qui tirent leur spécificité du caractère humide, voire inondé, des sites. Pour prévenir le transport de sédiments arrachés aux berges ou provenant directement des terres avoisinantes, des plantations herbacées ou arbustives sont préconisées.
Pour l’ensemble de ses interventions, le gestionnaire veillera à effectuer un entretien de la rivière qui soit respectueux de celle-ci et de ses berges. Dans la mesure du possible, le recours à un matériel d’entretien lourd est à éviter. Des équipes de cantonniers de rivière, spécifiquement formés à cette fin, ont été constituées ces derniers temps dans le cadre du Contrat de rivière de la vallée de la Dyle. Les communes sont invitées à recourir à leurs services.
Parallèlement à la pratique « journalière » de l’entretien des rivières, il convient de renforcer la protection des tronçons qui ont conservé une physionomie et des caractéristiques naturelles. Ces tronçons figurent sur la carte du réseau écologique sous la forme d’éléments linéaires du maillage.
La Dyle ne comporte aucun tronçon exceptionnel qui justifierait une protection intégrale. C’est plutôt sa physionomie en aval de Gastuche, jusqu’à Leuven, qu’il convient de conserver.
Pour le Train et ses affluents, plusieurs tronçons méritent une protection particulière vis-à-vis des travaux hydrauliques, en raison de leur qualité biologique, esthétique et de leur contribution à l’auto-épuration des eaux. La succession de petites chutes, de nombreux méandres, des bouquets d’arbres et d’arbustes sur les berges, de fourrés et de bandes boisées rivulaires, ainsi que des anses humides à végétation aquatique, leur confèrent un attrait certain.
Quant à la Nethen, quelques rares tronçons ont peu subi l’influence humaine et ont pu conserver un aspect naturel appréciable tant sur le plan biologique qu’esthétique. Il est à nouveau souhaitable qu’aucune intervention lourde n’y soit menée et que l’entretien soit réalisé à la main.
Par contre, la carte des propositions révèlent les tronçons de rivières qui pourraient faire l’objet de réhabilitation afin de relier différentes zones du réseau écologique communal. Ainsi en est-il de la vallée du Lembais et de celle du Piétrebais à l’entrée et à la sortie de Cocrou. Des plantations le long de ces tronçons permettraient d’atteindre cet objectif. De nombreuses essences (aulnes, saules, peupliers) contribuent à fixer les berges et à y favoriser la présence d’abris et de caches.
Le cultivateur ou l’éleveur peut participer à la préservation de la qualité physique et chimique des cours d’eau bordant les parcelles agricoles. Rappelons que toute une série de matières aboutissent au ruisseau par ruissellement et par lessivage oblique : les sédiments (argile et humus), les sels dissous (engrais), et d’autres substances sous des formes variées (pesticides). Pour limiter l’arrivée de ces matières indésirables dans le cours d’eau et par conséquent dans les zones humides qu’il va irriguer, le système le plus efficace est d’établir une zone-tampon en bordure du cours d’eau. Ainsi, une bordure de 5 à 10 mètres selon la topographie et la texture du sol devrait idéalement rester vierge de toute application d’amendement que ce soit sous forme de chaux, dolomie, engrais organiques (fumier et lisier), chimiques (granulés et suspensifs) et de pesticides. Cette bordure recevra de toute façon une partie des éléments fertilisants appliqués en amont et ne devrait dès lors pas être moins productive. Dans le cadre du retrait des terres agricoles et du gel des terres, ces zones en bordure de cours d’eau semblent particulièrement indiquées pour être soustraites aux pratiques de l’agriculture intensive. Elles peuvent aussi faire l’objet de propositions dans le cadre des mesures agri-environnementales.
On évitera également, comme la loi le prescrit, de stocker les fumiers, purins ou lisiers en bordure de rivières et essentiellement durant la période de novembre à mars où les conditions hivernales conduisent à l’entraînement des matières épandues ou stockées vers les eaux de surface, sans que les cultures puissent profiter pleinement des éléments fertilisants contenus dans ces effluents. Au printemps, par contre, avec le développement de la végétation, le ruissellement vers les cours d’eau sera beaucoup plus faible.
Signalons également que, d’une manière générale, l’abreuvement du bétail au ruisseau entraîne une tendance manifeste à l’appauvrissement de la qualité biologique du cours d’eau. En conséquence, on conseillera l’installation de pompes de prairies qui permettront au bétail d’accéder plus facilement à l’eau et de limiter ou de supprimer les dégradations à la rivière et ses berges. Dans ces conditions, le recours à des travaux de curage sera moins fréquent. Sous certaines conditions, l’aménagement d’abreuvoirs localisés sur un lieu précis de la rivière sera envisagé.