Au jardin d’agrément, renoncez à tous les produits chimiques


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Nous émettons le vœu que dans nos villages, on redécouvre la beauté de la nature vivante et sauvage et surtout que l’on abandonne toute utilisation de produits chimiques à seule fin d’esthétique.
Si l’utilisation massive des produits chimiques en pose un problème aigu de société et d’environnement, l’importance des implications économiques et sociales ne permet malheureusement pas d’en parler dans le cadre du .
Il n’en va pas de même pour l’utilisation de pesticides et d’engrais chimiques dans nos jardins d’agrément et nos espaces publics : souvent, si on y réfléchit, leur utilisation n’a pour principal objectif que de rendre notre environnement conforme à certaines modes ou règles d’esthétique horticole.

Un parterre de rosiers à la mode

Prenons un exemple. Il est de bon ton de cultiver un parterre d’une douzaine de rosiers, tous de la même variété (souvent des hybrides de thé), pour obtenir un bel effet de masse et une longue floraison. Pour bien les mettre en évidence, ces rosiers sont souvent cultivés sur un sol nu, soigneusement biné et débarrassé de toute herbe jugée  indésirable. L’établissement d’un tel parterre peut facilement coûter de 100 à 200 euros si on le fait soi-même.

Nous ne nous rendons pas compte qu’en procédant de la sorte, nous avons créé une sorte de monoculture à l’échelle de notre jardin, et que ces rosiers doivent pousser dans des conditions fort défavorables. Bien souvent, ils seront envahis de chenilles ou de pucerons, attirés par l’abondance de la nourriture facile d’accès. Et la maladie de la tache noire se répandra d’un rosier à l’autre, faisant vite ressembler nos beaux rosiers à des branches mortes.
Alors bien sûr, pour sauvegarder notre investissement et la délicate harmonie de notre jardin, nous nous sentirons obligés d’utiliser toute une panoplie de produits chimiques : insecticides et fongicides pour éliminer maladies et parasites, sans oublier les herbicides de pré-émergence pour réduire le travail de binage et de désherbage.

Des rosiers dans un petit morceau de nature

Pourtant, il existe une solution assez simple si on accepte de ne pas se conformer à cette mode absurde.

Si vous aimez les rosiers, choisissez-en une douzaine mais dans 12 variétés différentes et de préférence dans des familles botaniques différentes (hybrides de thé, mais aussi roses anciennes, roses pimprenelles galliques, canines, …) ; documentez-vous et choisissez des espèces bien adaptées à leur futur environnement. Laissons le choix des couleurs et des formes à votre bon sens artistique afin de créer un ensemble harmonieux.
Plantez-les à bonne distance en tenant compte de leur dimension à l’état adulte.

Ensuite, entre les rosiers, plantez des bulbes printaniers et des plantes vivaces non envahissantes, comme le géranium maccrorhizum (nombreuses variétés disponibles), la primevère, le thym : faites selon votre fantaisie. L’idéal est que le sol soit bien couvert en toute saison, tout en n’étouffant pas le pied des rosiers. Le mélange des plantes et de leurs odeurs déroutent les , le milieu est moins favorable à la prolifération des et moisissures responsables de la tâche noire et de l’oïdium. Le sol est alors meuble et favorable à la croissance des plantes.

Toutes ces précautions n’empêcheront malheureusement pas l’arrivée de quelques maladies, pucerons ou chenilles, mais ils devraient commettre moins de dégâts que dans la méthode « monoculture ».
Tâchez de maitriser votre irrésistible envie de les assassiner illico ! Admirez le magnifique spectacle de la nature qui se réinstalle progressivement dans votre jardin : les coccinelles et leurs larves font la chasse aux pucerons, les mésanges et d’autres insectivores font des cabrioles dans les branches pour les attraper ; les abeilles, bourdons et papillons butinent les en toute quiétude, les variées de votre parterre composent un bouquet changeant.
Enfin, il se pourrait que certains de vos rosiers ne résistent pas du tout sans traitement chimique et s’étiolent lamentablement. N’ayez pas d’état d’âme: arrachez et brûlez sans ménagement LE rosier (un seul) le plus atteint. Souvent, vous pourrez constater que l’état de santé de ses voisins s’améliorera après ce sacrifice, car c’est celui-là qui les contaminait. Il sera peut être hélas nécessaire de renouveler l’opération l’une ou l’autre fois.
Mais n’ayez pas de regret : au mois de novembre prochain, vous pourrez prélever des boutures sur vos rosiers qui sont restés les plus beaux et en meilleure santé. Selon les espèces, on réussit facilement entre 10 et 80% des boutures. Vous pourrez ainsi reconstituer sans frais votre parterre complet, et aurez la satisfaction d’avoir chez vous un morceau de nature vivante au lieu d’une copie aseptisée d’un journal de mode.
Ce parterre de rosiers n’est bien sûr qu’un exemple. A vous de trouver ce que vous pouvez réaliser dans votre jardin, en fonction de vos goûts et préférences, de la nature de votre terrain et de son exposition. L’essentiel est de renoncer à toute utilisation de produits chimiques, tout en conservant un jardin agréable.

Faire évoluer son sens de l’esthétique

Je suis persuadé d’une chose car tous ceux qui ont tenté l’expérience d’un jardin naturel le reconnaissent: dans les premiers temps, cela vous semblera difficile de voir vos plantes chéries attaquées par les prédateurs et les maladies sans intervenir massivement, ou vos allées envahies de mauvaises herbes. Mais, si vous tenez bon, au bout d’un an tout au plus, votre sens de l’esthétique horticole sera complètement modifié : vous trouverez ces «beaux » jardins de mode parfaitement insipides et indignes du moindre intérêt, et vous ne pourrez plus apprécier que les jardins où la nature peut s’épanouir harmonieusement.

Un dernier conseil : participez le dimanche 17 juin prochain à la visite des jardins 100% naturels de -Doiceau : vous pourrez y glaner une foule de bonnes idées.

Quelques références pour ceux qui veulent en savoir plus 




 
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