Les conseils pratiques de Maya l’abeille

Conseil n° 4 : A la mi-août, faites pour les abeilles des nichoirs en bambou [1]

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Avec les 3 premiers conseils Maya, nous nous sommes surtout intéressés à fournir aux abeilles une nourriture saine, abondante et variée tout au long de l’année: planter des haies, et mellifères et pollinifères fleurissant en toutes saisons, éviter de les tailler pour permettre leur floraison, espacer les tontes des pelouses là où ce n’est pas indispensable pour permettre aux de s’épanouir, et surtout renoncer à l’usage de tout herbicide, insecticide, fongicide ou autre pesticide, qui forment un cocktail mortel pour notre environnement.
 

Dans ce quatrième conseil Maya, nous nous intéresserons à préserver l’habitat des butineurs.

Des besoins variés
Seuls les bourdons et les abeilles domestiques sont des abeilles sociales, vivant en colonies.
Toutes les autres abeilles forment des nids individuels, chaque femelle veillant aux soins de sa propre descendance. Certaines de ces abeilles se rassemblent cependant en « bourgades » : de nombreuses abeilles vivent alors au même endroit, mais chacune individuellement.
Les abeilles domestiques vivent dans de grandes colonies permanentes comprenant plusieurs dizaines de milliers d’individus ; ce ne sont pas elles qu’il est conseillé d’accueillir dans votre jardin si vous ne vous sentez pas l’âme d’un apiculteur.

Toutes les autres espèces d’abeilles peuvent trouver refuge dans n’importe quel jardin, même le plus petit. Elles ne présentent pas de danger à condition toutefois de ne pas les importuner (ne pas essayer de les prendre en main !)

Il existe en Europe plus de 600 espèces d’abeilles : les plus petites n’ont que 5 mm, les plus grandes atteignent 22 mm. C’est dire si leurs adaptations et leurs besoins peuvent être variés !

Les bourdons
Chez les bourdons (il en existe plusieurs espèces : bourdon des champs, des prés, des pierres, forestier, terrestre, …), les jeunes reines fécondées passent l’hiver seules, dans un abri bien protégé, en hibernation. Au printemps, elles recherchent un endroit propice pour y fonder leur nid et commencent à élever leur petite famille en pourvoyant à tous les besoins. Les premières filles qui sont stériles faute d’une nourriture suffisante aident leur reine-mère dans la quête d’aliments et les soins de la colonie, lui permettant ainsi de se développer progressivement jusqu’à la fin de l’été, pouvant atteindre une bonne centaine d’individus. Les femelles de la dernière génération qui auront toujours vécu dans l’abondance, seront fécondes et auront assez de réserves pour passer l’hiver et perpétuer l’espèce.

Le nid est fréquemment réalisé dans une cavité souterraine, comme un nid de souris ; il peut aussi être fait dans des tas de bois, des nichoirs à , sous de grosses touffes d’herbes, dans des creux. Pour les accueillir au jardin, il suffit donc de garder certaines zones un peu naturelles sans les tondre ni les biner régulièrement (et en ne les couvrant pas d’un voile en plastique ou en fibre).

Les bourdons sont parmi les pollinisateurs les plus importants car leur morphologie, leur permet d’être actifs à basse température, en particulier dès le début du printemps, quand tous les autres pollinisateurs se protègent encore des frimas.

 
Les abeilles qui nichent dans des tiges creuses ou dans du bois

De nombreuses espèces d’abeilles font leur nid dans de longues cavités cylindriques, qu’il s’agisse de tiges creuses, de tiges moelleuses qu’elles creusent elles-mêmes, de galeries creusées par d’autres animaux dans le bois …

Parmi elles, l’osmie rousse (qui a aussi l’habitude de faire son nid dans les orifices de drainage des fenêtres) et certaines mégachiles. La femelle commence par accumuler de la nourriture au fond de la cavité ; elle pond alors un œuf et referme la cellule par un petit bouchon, appelé opercule. Ensuite, elle garnit une deuxième cellule où elle procède de la même manière et ainsi de suite jusqu’à ce que la cavité soit complètement occupée. Vous voyez alors que la cavité est operculée.

Vous pouvez facilement réaliser ce type de nichoir en rassemblant toutes sortes de tiges creuses (bambou, asters, berces, …) tiges à moelle (sureau, framboisier, ronce, …), buches ou blocs de bois non traité perforés ; coupez les à une longueur minimale de 20 cm et placez-les dans un abri au sec dans un endroit bien exposé.

Mais pensez également, lorsque vous éliminez toutes les tiges mortes et fanées de vos parterres à la fin de l’hiver, qu’elles peuvent abriter déjà certains de ces . Alors ne les brulez pas, ne les broyez pas, ne les apportez pas à la déchèterie : entassez-les simplement dans un coin discret du jardin où leurs occupants pourront terminer leur cycle vital et où elles pourront devenir un hôtel de luxe pour d’autres sans-logis. Et en un an ou deux, elles auront formé un compost bien utile à votre sol.

 
Les abeilles qui nichent dans le sol

 

Certaines espèces d’abeilles nidifient dans le sable ou dans des terres peu couvertes de végétation : gravières, surfaces en pente, bords de chemins. C’est le cas notamment des osmies, des andrènes, des mégachiles et des halictes. Certaines de ces espèces sont menacées en raison de la disparition des sites propices.

 

Dans notre commune, toutes les buttes sablonneuses et les chemins creux correspondent bien à ce milieu. Dans les jardins, il importe de préserver ce type de en y gardant une végétation claire, en plantant des espèces adaptées et en n’essayant pas de standardiser le jardin par l’apport excessif d’humus, l’arrosage, le travail intensif et la plantation de variétés à la mode que l’on trouve dans tous les jardins. Non seulement votre jardin sera ainsi accueillant à la vie, mais il aura un caractère personnel et local bien marqué et vous ne devrez pas recourir à toute une panoplie de produits chimiques pour défendre des plantes mal adaptées à leur environnement.

 

Vous pouvez également favoriser ces abeilles en rajoutant à votre nichoir des briques perforées, ou une caisse contenant de l’argile séchée, bien tassée.

 
Et les autres …
 

Certaines osmies nidifient dans les coquilles vides des escargots de Bourgogne. Cela constitue  un travail harassant pour elles car elles doivent retourner la coquille, bien plus grande qu’elles, jusqu’à ce que son orifice soit caché aux prédateurs possibles.

 

Les abeilles-coucou, pondent, à l’instar de l’oiseau du même nom, leurs œufs dans le nid des autres.

 

Tous ces nids peuvent également être occupés par des guêpes solitaires (à ne pas confondre avec les guêpes sociales), notamment les pompilidés. Ces guêpes inoffensives nourrissent leurs larves d’autres animaux : araignées, pucerons, larves de coléoptères, etc. Elles participent ainsi activement à l’équilibre biologique du jardin.

 

Voilà donc toute une qui peut s’installer dans votre jardin pour peu que vous le cultiviez naturellement. Et elle est fascinante !

 
 
 


[1] En réalité, vous pouvez le faire toute l’année, mais il fallait une rime, voilà une bonne activité pour occuper vos enfants en ces derniers jours de vacances.

  


 
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