Oct. 10
24
A Biez: le souvenir des bruyères
Rendez-vous sur les sentiers 2010.
Mot(s)-clé(s) Sentiers
Alors que dans d’autres villages de la commune de Grez de petites zones envahies par la bruyère subsistent, sur les territoires de Biez et de Hèze, il n’y a que la toponymie pour évoquer la présence de cette plante amatrice de terrains sablonneux. Ainsi, sur le plateau de Biez , nous passons dans une rue des Bruyères et à Hèze, une petite rue perpendiculaire à l’avenue Félix Lacourt porte le nom de Bruyère Caton.
C’est par ce terme bruyère que l’on désignait les landes à bruyère qui colonisaient une bonne partie des versants du plateau brabançon : Bruyère Marion sous le Bois de Beausart, par exemple. La carte de Ferraris (1771-1778), nous montre que sous l’Ancien Régime, l’ensemble du versant qu’occupe le village de Hèze était une lande à bruyère. Il y a probablement un lien à établir avec la petite dimension de certaines anciennes fermettes du village, autrefois propriétés de paysans pauvres ou de manouvriers qui possédaient une vache ou quelques moutons promenés sur ces maigres pâturages. A Biez aussi, la lande occupait l’ensemble du versant sud de la butte.
A quelques centaines de mètres plus au sud-est, vers Longueville, ce sont de riches cultures qui prospéraient sur les ondulations du plateau brabançon. Là, le limon éolien apporté par les vents de l’ère quaternaire s’est maintenu alors que l’érosion l’avait emmené sur les bas de pentes pendant les changements climatiques des dernières périodes glaciaires. Des sols sablonneux de l’ère tertiaire étaient alors réapparus sur les bords du plateau. Après le défrichement de ces sols meubles par les premiers agriculteurs de nos régions, la bruyère a pu s’installer dans les clairières.
Durant l’Ancien Régime, ces terrains sont restés sans couvert forestier et la callune, un sous-arbrisseau de la famille des bruyères, a pu faire prospérer ses floraisons automnales roses sur la lande. De ses rameaux l’on faisait des balais, avec sa racine on fabriquait des pipes et son nectar faisait le bonheur des abeilles. Calluna provient du grec καλλυνω, je balaie. Les Celtes fabriquaient un hydromel amélioré avec une décoction des sommités fleuries. La callune est astringente, dépurative, diurétique, antiseptique des voies urinaires et un bain d’eau de callune soulage les douleurs rhumatismales…
Si l’on ne trouve plus trace de la plante aujourd’hui, c’est que l’évolution des pratiques agricoles a modifié son environnement de prédilection. La demande en bois des mines et des papeteries conjuguée à la disparition du pâturage extensif sur les landes ont contribué, durant la deuxième moitié du 19ième siècle, au reboisement de ces terres incultes par des pins.
Après les années 1960, ce sont des lotissements, comme sur l’avenue des Sapins à Biez, qui ont occupé le terrain.
Ce bref regard en arrière nous donne la mesure de la récente accélération des pressions sur les écosystèmes traditionnels et s’il est utopique de les restaurer partout aujourd’hui, le souci de biodiversité nous impose de réhabiliter certaines zones à bruyères. Il reste à gérer l’extension des zones d’habitat, les pratiques agricoles et le maintien des sentiers dans une optique de développement soutenable pour l’homme et le milieu.
PH.D.
C’est par ce terme bruyère que l’on désignait les landes à bruyère qui colonisaient une bonne partie des versants du plateau brabançon : Bruyère Marion sous le Bois de Beausart, par exemple. La carte de Ferraris (1771-1778), nous montre que sous l’Ancien Régime, l’ensemble du versant qu’occupe le village de Hèze était une lande à bruyère. Il y a probablement un lien à établir avec la petite dimension de certaines anciennes fermettes du village, autrefois propriétés de paysans pauvres ou de manouvriers qui possédaient une vache ou quelques moutons promenés sur ces maigres pâturages. A Biez aussi, la lande occupait l’ensemble du versant sud de la butte.
A quelques centaines de mètres plus au sud-est, vers Longueville, ce sont de riches cultures qui prospéraient sur les ondulations du plateau brabançon. Là, le limon éolien apporté par les vents de l’ère quaternaire s’est maintenu alors que l’érosion l’avait emmené sur les bas de pentes pendant les changements climatiques des dernières périodes glaciaires. Des sols sablonneux de l’ère tertiaire étaient alors réapparus sur les bords du plateau. Après le défrichement de ces sols meubles par les premiers agriculteurs de nos régions, la bruyère a pu s’installer dans les clairières.
Durant l’Ancien Régime, ces terrains sont restés sans couvert forestier et la callune, un sous-arbrisseau de la famille des bruyères, a pu faire prospérer ses floraisons automnales roses sur la lande. De ses rameaux l’on faisait des balais, avec sa racine on fabriquait des pipes et son nectar faisait le bonheur des abeilles. Calluna provient du grec καλλυνω, je balaie. Les Celtes fabriquaient un hydromel amélioré avec une décoction des sommités fleuries. La callune est astringente, dépurative, diurétique, antiseptique des voies urinaires et un bain d’eau de callune soulage les douleurs rhumatismales…
Si l’on ne trouve plus trace de la plante aujourd’hui, c’est que l’évolution des pratiques agricoles a modifié son environnement de prédilection. La demande en bois des mines et des papeteries conjuguée à la disparition du pâturage extensif sur les landes ont contribué, durant la deuxième moitié du 19ième siècle, au reboisement de ces terres incultes par des pins.
Après les années 1960, ce sont des lotissements, comme sur l’avenue des Sapins à Biez, qui ont occupé le terrain.
Ce bref regard en arrière nous donne la mesure de la récente accélération des pressions sur les écosystèmes traditionnels et s’il est utopique de les restaurer partout aujourd’hui, le souci de biodiversité nous impose de réhabiliter certaines zones à bruyères. Il reste à gérer l’extension des zones d’habitat, les pratiques agricoles et le maintien des sentiers dans une optique de développement soutenable pour l’homme et le milieu.
PH.D.